Journalisme

23/01/2011 /

Le journalisme m'a toujours fasciné, c'est un des métiers qui me fait rêver, mais que je me sais inaccessible. Cependant, le rêve est fortement malmené, depuis quelques années, et ce que j'en aimais semble disparaître peu à peu au profit de quelque chose de beaucoup moins beau.

La presse écrite est moribonde, et impuissante face au rouleau compresseur qu'est le Web aujourd'hui. Mais pour moi, sa chute est bien antérieur, et sa cause n'est pas technologique. Durant les cinquante dernières années, le journalisme traditionnel a évolué, et perdu peu à peu sa valeur.

L'intégrité journalistique a disparue, sous les pressions politiques, financières et sociales. La subjectivité a été bannie, au profit d'un discours aseptisé et consensuel. L'information est devenue un produit de consommation comme les autres, soumis aux lois du marché, n'ayant d'autre valeur que l'argent qu'il rapportera. Le journal est un linéaire, dont chaque parcelle doit plaire à tous les porte-feuilles.

L'investigation a laissé place aux faits divers, plus accessible pour les lecteurs et moins embarrassantes pour les puissants. Les dépêches ont remplacé les reportages, les piges, les correspondants et toute l'activité de recherche. Seule la presse spécialisée semble encore parvenir à fournir un contenu digne d'intérêt.

Le journalisme, par ce qu'il apporte à notre société, est indispensable au fonctionnement de la démocratie. Son actuel déclin signifie deux choses. Tout d'abord, l'absence d'information aveugle la population et la rend incapable d'exercer son rôle de citoyen. Ensuite, la prise de contrôle par la nomenklatura politico-financière nous met à la merci des manipulation les plus graves.

L'avènement du web collaboratif, il y a déjà quelques années, a marqué la renaissance de ce contre-pouvoir fondamentale. Mais ce mouvement ne s'est pas réellement étendu à la presse écrite, qui garde un statut privilégié dans l'inconscient collectif. Pire encore, la présence des journaux sur le Web a répandu les pratiques de rediffusion d'information sans esprit critique ni valeur ajoutée.

Les enthousiastes disaient, avec la diffusion de la photographie, de la vidéo, de l'informatique et enfin de l'Internet, que nous serions tous journalistes. Pour moi, aujourd'hui, plus personne n'est journaliste, ou alors la réalité que ce mot recouvrait s'est perdue.

Réalisation : Antonin Segault
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