J'avais besoin de vacances, c'est évident, et l'opportunité était alléchante. Le train traversait la France du Nord au Sud en l'espace d'une nuit. Je ne devais y rester que quelques minutes mais voilà, j'avais besoin de vacances. Et la perspective de me réveiller, après une nuit de voyage clandestin, sous le soleil d'un paysage de carte postale me semblait plaisante.
La chose n'était pas compliquée en soit : s'endormir à une place libre, de manière à échapper à tout contrôle, puis émerger à Nice, Marseille ou Cannes et y faire le mort quelques jours avant de rentrer. Quelques jours de repos, loin de tout, avec du vrai Soleil. Et puis ça aurait fait un superbe article à poster ici.
Hélas, on ne se débarrasse pas si facilement de la froide réalité. J'avais l'estomac vide, 53 cents en poche et un cours de linguistique une douzaine d'heures plus tard. La fuite était impossible, ou tout du moins très inconfortable. Et, tandis que je me résonnais bon gré mal gré, le train pris du retard, ma place réservée s'avéra introuvable et la pluie se remit à tomber. Saloperie de réalité, même pas foutue de me laisser rêver mes vacances.