Plug-and-play

14/06/2011 /

La biographie de Richard Stallman, le fondateur du mouvement du logiciel libre, commence par un épisode récurent de ses interventions en publique. Il y raconte comment, dans les années 70, il fut confronté pour la première fois à la frustration engendrée par les logiciels privateurs (non-libres), en ne pouvant obtenir le code des pilotes d'une imprimante Xerox, dont il cherchait à améliorer le fonctionnement.

Si j'introduis un article sur le plug-and-play par cette anecdote, c'est que, aujourd'hui, 40 ans après, les imprimantes restent les périphériques les moins ouverts et les plus contraignants qu'il soit, malgré leur très large diffusion auprès du grand public. En effet, rares sont les modèles pouvant imprimer (sans parler de fonctionnalités plus avancées) sans l'installation de pilotes spécifiques (pas forcement fournis avec l'appareil).

Le plug-and-play, comme son nom l'indique, c'est tout l'inverse. Fameux slogan de l'informatique des deux dernières décennies, il désigne la capacité des ordinateurs a utiliser de nouveaux périphériques instantanément, sans aucune manipulation. Depuis Windows 98, qui demandait des pilotes pour une simple clef USB, de nets progrès ont été faits, mais il reste beaucoup de chemin à faire.

En marge du plug-and-play, c'est tout le système de pilotes qui pose des problèmes récurrents, notamment aux utilisateurs de plate-formes peu courantes. La construction fermée des périphériques, interdisant l'écriture de pilotes par des tiers, et l'absence (ou le non respect) de standards, empêchant l'utilisation de pilotes génériques, sont de vrai plaies, tant pour les utilisateurs que pour les développeurs.

Par ailleurs, un récent documentaire sur l'obsolescence programmée, diffusé par Arte, apprenait au grand public que certains constructeurs d'imprimantes y implémentaient des "bombes à retardement" (terme également emprunté à la biographie de Stallman), bloquant complètement le fonctionnement après un certain nombre d'impressions, tandis que les vendeurs, complices, déclarent la réparation trop coûteuse et incitent à l'achat d'une nouvel appareil.

Ces éléments sont une nouvelle preuve que la fermeture du logiciel est une véritable menace pour l'informatique. Et cette menace ne se limite pas aux imprimantes, aux webcam ou aux baladeurs numériques. Elle concerne l'ensemble des interconnexions informatiques, jusqu'au API des réseaux sociaux. Sans spécifications ouvertes et standardisées, l'ère des réseaux qui s'annonce ne sera qu'une tour de Babel vouée à l'effondrement.

La solution est peut-être à trouver auprès de l'open-hardware, des initiatives visant à produire des machines diverses dont les spécifications sont diffusées sous licence libre. Ou alors dans l'espoir que des entreprises responsables décident enfin de changer la donne.

Réalisation : Antonin Segault
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